Paysans

Ils sont pour la plupart bretons, répartis sur toute la Bretagne. En dehors des produits qu’ils cultivent pour Douar Den, ils peuvent produire des céréales, élever des volailles ou des bovins. Tout comme les activités, la taille des fermes est très variée. Ils sont de tous âges avec des histoires très différentes. Le principe de biodiversité cher à la Bio est donc respecté !

Au sein de Douar Den, les paysans sont associés, autrement dit actionnaires. Ils ont chacun un droit de vote et sont regroupés au sein d’un collège ; celui des producteurs. Partie prenante de l’organisation, ils participent aux prises de décision et ont accès à tout ce qui concerne la société.

Florian témoigne

Florian Le Saint est producteur de semences de pommes de terre et de souches dans le Finistère.

Présente-toi & parle-nous de ta ferme.

J’ai 31 ans et je suis installé depuis 2016. J’ai repris la ferme d’un voisin qui partait en retraite, sur 60 ha, en Bio depuis 2018, et je me suis ensuite associé à mes parents qui avaient 40 ha, en Bio depuis 1997. Quand mon père s’est converti en Bio en 97, j’avais 6 ans. Je n’ai pas connu autre chose que la Bio, donc pour moi c’était une évidence. On a la fibre écolo dans la famille ! Nous avons créé un Gaec. Mon père est en retraite depuis 1 an ½ et ma mère est salariée sur la ferme. Nous sommes producteurs de légumes frais, de plants de pomme de terre et de légumes industrie, sur 100 ha. On produit des choux-fleurs, des brocolis, des échalotes, des plants de pommes de terre, des petits pois, des haricots, des carottes, et un peu de céréales. C’est une fierté de produire des légumes Bio ! La motivation première n’est clairement pas économique, mais plutôt le défi de pouvoir sortir un rendement et une qualité en Bio.

Quel est ton parcours avec Douar Den ?

Mon père était à l’origine de Douar Den avec quelques producteurs, en 2007. Mon père a dit oui tout de suite lorsque Fabris Trehorel est venu lui parler du projet. Et moi, j’ai continué. On produisait 6-7 ha à l’époque, et nous sommes à 12-13 ha aujourd’hui. Le but n’est pas d’augmenter. Un producteur de grande surface n’a pas forcément le temps de chouchouter les cultures comme on peut le faire sur une dizaine d’hectares. Je souhaite déjà maintenir nos résultats, et peut-être chercher une plus-value en faisant des souches de pommes de terre et des plants de bases.

Produire du plant c’est un métier. S’occuper de souches et de plants de bases, c’est encore autre chose… Quelle est la différence ?

La grosse différence c’est de protéger avec de l’huile minérale et végétale (pour créer une barrière pour les piqûres de pucerons). Dès qu’il y a un peu de pluie, il faut que tous les étages soient couverts avec l’huile, plus de la bouillie bordelaise pour le mildiou. Après, il y a l’épuration, pour obtenir une variété la plus pure possible. Tous les ans, on attend avec impatience les résultats Elisa, pour savoir si on a bien fait notre boulot ! C’est un challenge, la recherche de performances techniques pour réussir. Et nos rendements moyens sur 10 ans sont performants. J’ai des appels d’agriculteurs en conventionnel qui me demandent comment on fait pour avoir des résultats sanitaires si satisfaisants sans insecticides. Montrer qu’on peut faire autrement ! Nous avons une sécurité avec les nouvelles variétés adaptées à la Bio, notamment pour leur résistance au mildiou, comme Allians, Maïwen, Byzance, etc. Bien sûr il faut les suivre et les protéger, mais c’est une sécurité pour nous. Ce sont justement ces variétés que vous protégez, ces plants de demain, que l’on va retrouver chez nos clients maraîchers ou agriculteurs… Il y a 3 ans, nous avons testé 3 variétés dans un champ, et nous avons eu des rendements très variables entre une variété parfaitement adaptée et une autre qui l’était beaucoup moins (Amandine). Le gustatif est aussi très important ! Allians et Maiwen rencontrent beaucoup de succès auprès des amis, de la famille, et des particuliers à qui nous en vendons à la ferme.

Tu souhaites maintenir les performances techniques. Concrètement, ça donne quoi ?

Aujourd’hui, je fais les mêmes productions que mon père en son temps, hormis le haricot industrie et le potimarron. Le but était de maintenir les résultats techniques que mon père avait sur 40 ha. Pour y arriver, nous avons allongé la durée des rotations avec des couverts végétaux. C’est nécessaire pour passer la crise que connaît la Bio. Cela passe aussi par la fidélisation de nos salariés et le maintien d’une équipe stable qui connaît les productions, la ferme et les gens qui travaillent autour. On a 4 salariés permanents et on travaille avec des saisonniers toute l’année pour les plantations d’échalotes, l’arrachage, et le sarclage des carottes.

Qu’est ce qui te plaît dans la production de plants ?

La technique, les résultats de rendement en Bio, la recherche de qualité sanitaire pour les jeunes générations de plants… Mais c’est surtout le métier d’agriculteur en lui-même. Être son propre patron, prendre ses décisions au jour le jour, travailler en symbiose avec la nature tous les jours. La pomme de terre est une production que j’aime bien, au même titre que toutes les productions que l’on fait sur la ferme, car c’est assez diversifié. Cette diversité est une sécurité, qui demande aussi des investissements : une bineuse et une machine pour récolter par produits. Nous étions parmi les premiers à utiliser le GPS, il y a 10 ans. On vient d’investir dans une bineuse par caméra, qui suit les rangs, afin de gagner en efficacité.

Quelques mots sur la Bio ? Quelles sont tes attentes ?

On vit une situation compliquée. Il y a eu énormément de conversions « économiques » car le conventionnel n’allait pas bien. Toutes ces surfaces sont arrivées en Bio en 2021-2022, au moment même où on observait une baisse de la consommation de produits AB. Il faut que les consommateurs retrouvent confiance dans ce logo AB française ! Nous produisons en respectant le cahier des charges français de l’Agriculture Biologique. Il n’autorise aucuns produits phytosanitaires, ni engrais de synthèse. Le sol est au centre de notre système et en prendre soin est notre priorité. Nous savons que le modèle de production en AB est un modèle durable, pour nos fermes, pour notre planète.

À nous, paysans, de faire et refaire passer ce message.

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