Le juste prix

Selon l’Institut de veille sanitaire, un paysan se suicide tous les deux jours en France ! Pas parce qu’il n’aime pas son métier, bien au contraire. Mais parce qu’il souffre, pour ne pas dire plus, d’un manque de reconnaissance de la société et parce qu’il ne sait vivre décemment de son métier.

Alors comment faire ?

Chez Douar Den, nous avons d’abord voulu que les paysans soient concrètement et effectivement représentés au sein de la filière. Ils sont donc acteurs, y compris en termes de fixation des prix.

Mais qu’est-ce donc qu’un juste prix ?

C’est un prix 10 % supérieur au cours mondial ? Un prix fixé à l’avance, alors que les rendements agricoles sont par nature peu prévisibles ? Un prix qui couvre le coût de production seulement ou le coût de revient qui en plus des charges comprend la rémunération du paysan ? Nous avons tenté de répondre à cette question en développant la méthode de la « Construction ascendante du prix basé sur les coûts de revient ».

Pourquoi le coût de revient, et non le coût de production comme constamment évoqué ?

Parce que le coût de production ne prend pas en compte la rémunération du paysan en tant que tel, mais seulement les charges (fixes et variables) liées à la production en question ! La rémunération du paysan doit être isolée, pour être prise en considération et discutée sans tabou. La référence utilisée chez Douar Den est celle d’un cadre moyen travaillant en Bretagne (47 000 € bruts/an). Il s’agit d’un « outil » : les aspirations des uns et des autres étant différentes, il faut bien se mettre d’accord sur quelque chose pour avancer.

Une fois le coût de revient défini et validé collectivement, il devient un objectif à atteindre et un élément du calcul du prix de l’année.

Par exemple :
Coût de revient par hectare : 12 000 €
Rendement moyen net vendable par hectare : 30 000 kg
Prix à payer au paysan : 12 000/30 000 = 40 cts €/kg

Cette méthode fournit un calcul du prix qui repose sur des éléments factuels et concrets et a l’avantage d’assurer une certaine stabilité de revenu pour le paysan, et donc une certaine visibilité dans le temps. C’est rassurant lorsqu’il s’agit d’investir, en particulier pour les plus jeunes.

Pourquoi ascendante et pas descendante ?

Le schéma courant de fixation des prix en agriculture veut que ce soit le marché qui fasse le prix. C’est un système d’offre et de demande, ou l’une et l’autre peuvent être influencées en fonction des objectifs. (stimuler la demande ou dominer ses concurrents par le volume).

Une fois le prix final défini par le sacro-saint marché, les opérateurs d’amont « prélèvent » leur marge, et le dernier réparti ce qu’il reste aux producteurs, à la surface, à la tonne ou au litre, c’est selon. Nous sommes donc dans ce cas dans un schéma descendant, où le producteur ne perçoit que les miettes. Cela conduit nombre de producteurs à recourir au RSA malgré des investissements lourds et une charge de travail souvent colossale.

Nous avons donc décidé de prendre l’équation à l’envers !

Assurer une construction ascendante du prix, en commençant par celui sans qui rien ne serait possible, à savoir le paysan. Nous « additionnons » ensuite les coûts de revient des opérateurs qui permettront au produit d’arriver sur les étals et nous confrontons ce prix final au fameux marché. Nous non plus, nous n’en sortons pas complètement.

Si des ajustements sont nécessaires, Douar Den garantit qu’ils se feront avec les producteurs, dans le respect de chacun et toujours dans l’intérêt du collectif.

Avertissement : cette méthode n’est pas déposée et n’est donc pas protégée. Elle peut être pillée sans foi ni loi ! N’hésitez pas, servez-vous !